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Les géants du numérique entrent dans le monde de l’assurance

15/03/2018 Expertise

C’est officiel : Amazon se lance dans l’assurance santé à but non lucratif sur le marché américain avec deux investisseurs financiers. En France, le virage de l’e-commerce et de la data sera plus difficile, mais il est grand temps de s’y préparer.

Le 30 janvier 2018, Amazon a annoncé son association avec le conglomérat Berkshire Hathaway et la banque JPMorgan Chase & Co pour créer une compagnie d’assurance santé à but non lucratif. Chaque partenaire apporte son expertise pour bâtir une offre destinée à ses employés américains. L’alliance du géant du e-commerce et de ces investisseurs donne une idée de l’avenir de l’assurance avec le Big Data. Après l’Insurtech Oscar, dont l’activité repose sur les usages digitaux et les comportements de ses clients, les Américains vont découvrir une nouvelle forme d’assurance santé à la fois collective et individualisée.

L’analyse prédictive permise par les méga-données sonne-t-elle le glas de la mutualisation ? L’assurance santé repose sur la consommation médicale et la gestion du risque sur la prévention, certes. L’aléa n’en demeure pas moins comme dans tous les domaines de l’assurance. En effet, aucun système ne peut évaluer avec certitude la conjonction de multiples probabilités. En revanche, les méga-données permettent de mieux connaître l’assuré et ainsi de mieux le servir.

L’avenir sera collaboratif

Or qui mieux que les géants du web maîtrisent la collecte, le traitement et l’exploitation de la data ? Aucun assureur, aucune mutuelle ne connaît aussi bien les comportements de ses clients ou adhérents que Google qui collecte leurs activités au travers de ses différents services, ou Amazon leurs achats, ou encore Apple, pionner de la santé connectée avec son application sur iPhone et la montre Apple Watch.

Une des solutions est de s’associer avec ces géants du numérique, une autre de collecter d’aller à la source pour ne pas devenir dépendants de leur data. Ainsi, le secteur de l’assurance collecte déjà ses propres données via les objets connectés et les applications mobiles, mais neuf fois sur dix cette activité n’est pas liée aux métiers(1). Une étude du cabinet Deloitte montre également que dans 75 % des cas, les modèles d’analyse n’apportent pas de valeur.

Les données de santé, le nerf de la guerre

L’usage de la data en assurance santé se heurte, il est vrai, à de fortes résistances en France. La Sécurité sociale protège toujours rigoureusement ses données. De son côté, l’Ordre des médecins affirmait de nouveau en février 2018 « qu’il ne doit y avoir, selon lui, qu’une seule porte d’entrée dans le système de soins », alors qu’il constatait l’existence d’offres « directes de téléconsultations » proposées au public par des assureurs complémentaires, des mutuelles et d’autres opérateurs de télémédecine.

Que pensent les Français eux-mêmes de l’utilisation de leurs données de santé ? Ils sont convaincus que celle-ci peut faire avancer la recherche médicale et améliorer la santé de tous, selon le Healthcare Data Institute(2). En plus de l’anonymat et la sécurité des données, un Français sur deux émet trois conditions à leur partage : savoir à quoi elles serviront, à qui elles seront transmises, et pouvoir s’opposer à tout moment à leur usage.

Sources :

1. Deloitte, enquête EMEA Insurance Data Analytics auprès de 68 compagnies d’assurance en Europe

2. Etude réalisée en octobre 2017 par Odoxa auprès d’un échantillon représentatif de la population française