Back to top

Le télétravail facteur de bien-être pour les salariés ?

27/03/2019 Expertise

Motivé par la recherche d’une meilleure qualité de travail et de vie, le télétravail se développe en France. S’il fait des heureux, il n’est toutefois pas sans risque. La santé au travail doit désormais être pensée hors les murs de l’entreprise.

D’après une enquête européenne sur les conditions de travail en 2015, la France est un des pays européens où le télétravail est le plus développé. Les données varient selon les sources, mais le télétravail serait pratiqué par 1/4 des salariés en France, et de manière informelle 6 fois sur 10. Il serait le fait de 2 % des salariés travaillant à domicile, de 5 % des salariés nomades, et 8 % à 11% des salariés l’effectueraient régulièrement, à raison d’1 à 2 jours chaque mois.

Favorisé par l’essor des technologies numériques connectées et par l’évolution des modes de production et de management, le télétravail se développe surtout dans les grandes entreprises, en particulier dans les secteurs financiers et du numérique. Inscrit dans le Code du travail depuis 2012, il est facilité par les ordonnances de septembre 2017 qui le sécurisent, notamment en lui appliquant la législation des accidents du travail. Il peut être occasionnel ou régulier sans changement du contrat de travail, mais aussi motivé par des contraintes personnelles quand l’emploi le permet.

Les salariés choisissent avant tout le télétravail pour réduire leur temps de trajet entre leur domicile et leur lieu de travail : c’est le motif évoqué plus d’1 fois sur 2 selon une récente enquête du groupe Malakoff Médéric. Deuxième motivation : le choix des horaires. Viennent ensuite la recherche d’efficacité, d’un meilleur équilibre entre vies professionnelle et privée, et d’un cadre plus agréable. Pour les employeurs, comme l'UNMI, il s’agit surtout de permettre aux salariés de mieux concilier leur travail avec leur vie personnelle, et plus globalement de favoriser le bien-être au travail. Sans oublier la réduction des risques physiques : moins de transports donc d’accidents, moins d’exposition aux pollutions de l’air et du bruit, etc.

Alors le télétravail tient-il ses promesses ?

Toujours selon la même étude, 8 salariés sur 10 reconnaissent ses bénéfices sur leur vie personnelle et pour leur santé. Ils ont plus de temps pour s’occuper de leurs enfants et d’eux-mêmes, ils sont moins fatigués. Ils se sentent aussi plus autonomes, plus efficaces, plus engagés et plus épanouis au travail. Une perception partagée par les employeurs. Pour autant, ils admettent que le télétravail n’est pas sans risques pour eux : isolement social, difficultés à séparer temps personnel et professionnel, durée de travail accrue… Les entreprises s’inquiètent également de la perte potentielle du lien social.

Qu’en est-il dans les faits ?

Une étude de la Dares souligne que « les salariés utilisant des outils numériques de mobilité apportent plus souvent du travail à la maison ou sont plus souvent contactés en dehors de leurs heures de travail » que les autres. Ils font aussi moins valoir leurs droits à congés. Techno-stress, dépendance, troubles du sommeil et épuisement guettent alors ces salariés qui sont souvent des cadres. Le droit à la déconnexion seul ne saurait suffire à prévenir ces risques. Le développement du télétravail pose désormais la question de la santé au travail hors les murs de l’entreprise pour une population croissante de salariés.

Sources : 

Working anytime, anywhere: The effects on the world of work - Joint ILO–Eurofound report

Conseil d’orientation pour l’emploi - Automatisation, numérisation et emploi - Tome 3

Dares Analyse n°29 Juin 2018

Regards croisés des salariés et des entreprises du privé sur le télétravail

Le télétravail, 2025 : quels enjeux de santé dans les entreprises ? - CNAM