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Bien-être au travail : un enjeu (encore) plus fort depuis la crise sanitaire

23/06/2022 Expertise

La crise de la Covid-19 a bousculé nos façons de travailler. « En quête de sens au travail » est d’ailleurs la thématique retenue pour la Semaine pour la qualité de vie au travail, avec cette question : comment vont les salariés français en 2022 ?

Selon le « Baromètre de la santé psychologique des salariés en période de crise », réalisé début 2022 par OpinionWay pour Empreinte Humaine, la santé psychologique des salariés apparait hélas très dégradée, après deux années de crise sanitaire. D’après cette enquête, 34% des salariés sont en burn-out dont 13% en burn-out sévère soit 2,5 millions de personnes. La moitié des salariés disent s’isoler et se couper du monde, 40% à perdre souvent patience et à être facilement irritables. Enfin, ils sont un tiers à être moins réceptifs aux idées de leurs collègues, et un quart à être agressifs pour tout et rien.

 

 

A lire aussi : « Grâce à la pandémie, la santé mentale au travail n’est plus un sujet tabou », selon Victoria Tchakmazian, responsable du Pôle Soutien Psychologique chez Stimulus.

Selon une autre étude menée par IFIP pour Wittyfit et Siaci, intitulée « Le regard des salariés à l’heure de la crise », 56% des salariés considéraient déjà avant le confinement le bien-être au travail comme un enjeu prioritaire au sein de leur entreprise, ils sont 81% à le penser aujourd’hui. 74% d’entre eux pensent qu’il y aura un « avant » et un « après » Covid-19 dans leur entreprise. La crise a donc fait naître des attentes très fortes en matière de qualité de vie au travail. En tête de liste : l’équilibre des vies professionnelle et personnelle, le salaire et les primes, de bonnes relations avec les collègues et la reconnaissance au travail.

En quête de sens et de reconnaissance

Les salariés français sont en quête de reconnaissance, de perspectives d’évolution et, surtout, d’activités auxquelles ils croient, autrement dit le sens au travail. Un sentiment que partage la philosophe Julia de Funès, aux propos parfois controversés, qui affirmait dans son dernier livre « La comédie (in)humaine » que « le bonheur au travail est une hypocrisie managériale ». « Le bonheur est absolument indéfinissable. Il est trop personnel et subjectif pour qu’on prétende le normer ou le formater », écrit-elle. Chasseuse de tête dans une autre vie, elle relève ce paradoxe : alors que jamais les dirigeants n’ont fait autant pour le bien-être de leurs équipes, il n’y a jamais eu autant de mal-être au travail (augmentation des arrêts maladie longue durée, des burn-out, etc.). Selon elle, être heureux dans son entreprise ne rend pas plus performant. Ce serait plutôt l’inverse : « C’est lorsqu’ils ont la possibilité d’être performants que les salariés sont heureux. Le bonheur est la conséquence et non la cause. Dans la vie, nous sommes heureux quand on a réalisé ou obtenu quelque chose ».

Vecteur d’épanouissement et de réalisation de soi, le travail donne un sens à notre vie, c’est pourquoi la question de la qualité de vie et des conditions de travail (QCVT) prend tout son sens. En 1994, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en a même tenté une définition : « Le bien-être au travail est un état d’esprit dynamique caractérisé par une harmonie satisfaisante entre les aptitudes, les besoins et les aspirations du travailleur, d’une part, et les contraintes et les possibilités du milieu de travail, d’autre part ».

Simple effet de mode ou réelle prise de conscience que le bien-être est un facteur d’épanouissement personnel, de performance individuelle et collective ? Il n’empêche, on voit apparaître ici et là de nouvelles fonctions dans nos entreprises : responsables du bonheur, chief happiness officer, happiness manager, etc. Quant aux candidats en recherche d’emploi, notamment la génération des millenials, ils ne s’en cachent pas, eux qui vont jusqu’à sélectionner l’entreprise idéale, celle où ils seront heureux d’aller travailler, celle qui leur donnera la chance de se réaliser.

En résumé, avoir les capacités d’agir pour se sentir bien (l’autonomie), pouvoir répondre à la question « Pourquoi je fais ça ? » (le sens), et avoir une certaine dose de confiance en soi et dans les autres pour agir, voilà les clés managériales qui permettrait de faire du bonheur au travail une réalité et non plus une utopie. En somme, rien que du bon sens que rejoignent les valeurs mutualistes : engagement, responsabilité, solidarité, non-lucrativité, gouvernance démocratique. Des valeurs historiquement partagées par l’UNMI et le mouvement mutualiste.

Sources

https://www.anact.fr/
https://leblogrh.net/
https://www.ifop.com/
http://courriercadres.com/
« La comédie (in)humaine », de Julia de Funès