Article publié en mai 2025

PLFSS 2025 : moins d’IJ, plus de risques pour les régimes de prévoyance

Expertise prévoyance
Temps de lecture : 2 min
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) a abaissé à 1,4 SMIC le plafond de calcul des indemnités journalières. Moins de couverture pour les arrêts maladie, et plus de pression sur les régimes de prévoyance déjà sous tension. Décryptage…

Ce que prévoit le PLFSS 2025

Jusqu’à présent, les indemnités journalières (IJ) versées par la Sécurité sociale en cas d’arrêt maladie étaient calculées sur un salaire journalier plafonné à 1,8 SMIC, soit environ 3 243 € bruts mensuels en 2025. Depuis le 1er avril 2025, ce plafond est ramené à 1,4 SMIC, à 2 522 € bruts mensuels, soit une baisse de 22%. Seuls les salariés du secteur privé sont concernés : les régimes des fonctionnaires, des indépendants ou des professions libérales n’étant pas impactés.
 

Quelles conséquences pour les salariés ?

Pour les salariés dont la rémunération mensuelle brute dépasse 1,4 SMIC, une part croissante de leur salaire ne sera plus indemnisée par la Sécurité sociale en cas d’arrêt maladie. Pour eux, le manque à gagner va se creuser, allongeant la période pendant laquelle ils subiront une perte de revenus, notamment en cas d’arrêts de longue durée. « Entre 40 et 50% des salariés, seraient concernés par cette réforme. Les plus hauts salaires verront leur pouvoir d’achat davantage amputé en cas d’arrêt.», analyse Bertrand Mourelot, Directeur technique du Groupe UNMI.
 

Quel impact pour les régimes de prévoyance ?

« En abaissant le plafond de calcul des IJ, l’État transfère une partie de la charge vers les dispositifs complémentaires », commente pour sa part Loredana Maïer, Directrice générale du Groupe UNMI. Les contrats de prévoyance collective, notamment ceux négociés dans le cadre des accords de branche ou d’entreprise, devront absorber une part plus importante de la perte de revenu. Cela pourrait se traduire par une hausse des cotisations ou une révision des garanties, au détriment des salariés ou des employeurs. « Des négociations en entreprise sont à anticiper. Les partenaires sociaux devront ajuster les contrats existants pour maintenir un niveau de couverture jugé acceptable », estime Bertrand Mourelot. Certaines entreprises pourraient également être tentées de renégocier à la baisse les garanties pour contenir les coûts.

En clair, l’abaissement du plafond des IJ constitue une contrainte supplémentaire susceptible d’aggraver des équilibres déjà fragiles, plombés ces dernières années par la hausse continue des dépenses de santé, la montée en puissance du 100% santé ou encore la pression réglementaire. « L’impact sur la prévoyance est estimé entre 4 et 5% de la charge totale actuelle, selon les premières analyses des cabinets d’actuariat. Pour l’UNMI, cela pourrait représenter plus d’un million d’euros par an de charge de prestations supplémentaire. Ce risque, qui reste encore à affiner, pèsera sans doute sur les réflexions tarifaires pour 2026 », poursuit-il.
 

Un désengagement de l’État en filigrane

De manière plus large, cette mesure interroge la répartition des responsabilités entre Sécurité sociale, complémentaires et employeurs dans la protection du revenu en cas de maladie.

 Ce changement traduit une évolution discrète mais structurante du modèle social français, où l’État, en quête de recettes pour réduire le déficit de la Sécurité sociale, se désengage progressivement au profit des organismes assurantiels, et notamment mutualistes. À terme, c’est l’adhérent qui risque de financer ce déremboursement décidé brutalement et unilatéralement par les pouvoirs publics. La réforme des retraites a déjà fortement impacté la prévoyance, et voilà que s’ajoute ce transfert de charge sur les arrêts de travail. Jusqu’où ira-t-on ? , s’interroge Loredana Maïer.

 

Sources

Loi de financement de la Sécurité sociale 2025 : ce qui change

Loi du 28 février 2025 de financement de la sécurité sociale pour 2025

 

 

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