Article publié en mai 2025

Sylviane Gindre, Présidente de l’UNMI : « Nous pouvons attirer les jeunes générations au sein de nos instances ! »

Mutuellement plus FORTS
Temps de lecture : 2MIN
Le secteur mutualiste est à la croisée des chemins : le vieillissement de ses instances dirigeantes menace sa pérennité. Comment attirer les jeunes générations et les inciter à prendre le relais ? Entretien avec une présidente engagée qui ne manque pas d’idées pour réinventer l’avenir.

Le secteur mutualiste fait face au vieillissement de ses instances dirigeantes. Observez-vous cette tendance ?

Cette tendance n'est pas perceptible au sein de l’UNMI, qui, en tant qu'union technique, inclut parmi ses élus des professionnels actifs de nos mutuelles partenaires. Cependant, avec plus de 25 ans d'expérience opérationnelle dans le secteur mutualiste, j'ai connu une époque où les délégués étaient très engagés sur le terrain et avaient une vision claire de leur rôle, et notamment le pouvoir de décider en Assemblée générale les améliorations des prestations. En 2006, pour maîtriser les dépenses de santé publique, les pouvoirs publics ont instauré les contrats dits « responsables et solidaires », ce qui a diminué l'influence des mutuelles sur les prestations. De nombreux délégués ont alors remis en question leur utilité, ce qui n'a pas favorisé le renouvellement générationnel.

 

Quels sont les risques pour la gouvernance et la pérennité des mutuelles si le renouvellement n’est pas assuré ?

Le Code de la mutualité stipule que le nombre de membres du Conseil d'administration ayant dépassé l'âge de 70 ans ne peut excéder le tiers des membres de l’instance. Récemment, j’ai rencontré une mutuelle contrainte de fusionner avec une autre pour des questions de renouvellement de sa gouvernance. J’en connais d’autres qui ont disparu pour la même raison. Avec Solvabilité 2, être élu mutualiste est également devenu plus complexe : il faut maîtriser une réglementation en constante évolution, ce qui demande une grande agilité d’esprit, une technicité croissante et une plus grande disponibilité. Aujourd’hui, de nombreux élus plus âgés restent en poste sans réellement maîtriser les évolutions et les enjeux, ce qui représente un réel danger pour nos mutuelles. Il est de notre responsabilité d’anticiper cette problématique de renouvellement au sein de nos instances.

 

Le vieillissement des instances dirigeantes a-t-il un impact sur l’innovation et l’adaptation aux nouveaux défis du secteur ?

Le Conseil d’administration de l’UNMI est composé de 18 élus, dont 13 ont moins de 65 ans, et j’en suis fière ! Cependant, certains sont parfois réticents aux innovations, réfractaires aux partenariats. Par exemple, le courtage est encore perçu comme un tabou ! De la même manière, lorsque nous avons créé UNMI’Mut en 2019, certains élus y ont vu un concurrent de plus, alors que notre objectif était de diversifier nos canaux de distribution pour pérenniser l’UNMI. Nous devons évoluer avec notre temps ; l’inertie signerait l’arrêt de mort de nos mutuelles.

 

Quel rôle peuvent jouer les instances publiques et les fédérations mutualistes pour encourager ce renouvellement ?

Plusieurs pistes peuvent être explorées. Les jeunes sont souvent attirés par des structures dynamiques et innovantes : il est donc essentiel de moderniser l'image des mutuelles. Communiquer sur les initiatives digitales, les projets de responsabilité sociale et environnementale, les actions concrètes en faveur de la santé et du bien-être peuvent susciter leur intérêt. Il est également crucial de valoriser l'engagement mutualiste comme une opportunité de développement personnel et professionnel. Les jeunes peuvent y trouver des responsabilités, acquérir de nouvelles compétences et élargir leur réseau. La mutualité doit proposer des formations adaptées, des parcours d'intégration attractifs, des certifications qui valorisent leur expérience. Selon moi, l’engagement mutualiste peut être assimilé à un engagement humanitaire, il faut communiquer plus fortement ! Enfin, l'utilisation des réseaux sociaux et des plateformes collaboratives pourrait leur permettre de s'investir à leur rythme, avec plus de souplesse. En misant sur l'innovation, la formation et l'engagement sur des causes porteuses de sens, nous pouvons attirer les jeunes générations au sein de nos instances !

 

Comment imaginez-vous l’évolution de la gouvernance mutualiste dans les prochaines années ?

Je pense que beaucoup de mutuelles sont aujourd’hui limitées par leurs statuts qui les contraignent à recruter leurs administrateurs parmi leurs délégués. Une piste serait d’élargir le recrutement à l’ensemble des adhérents, comme le font avec succès les mutuelles d’assurance. Nous devons réinventer notre modèle en envisageant une participation plus large de tous nos adhérents, en les impliquant davantage dans l’avenir de leurs mutuelles. Il faudrait également apporter plus de souplesse dans notre fonctionnement. Les administrateurs n’ont actuellement pas le droit de donner un pouvoir en cas d’absence à un Conseil d’administration. Pourquoi ne pas changer cette règle pour rendre le mandat moins contraignant ? Les personnes expérimentées pourraient également jouer un rôle de mentor pour les jeunes générations. Pourquoi ne pas imaginer des passerelles, des tutorats, des parrainages ? Ou demander à chaque élu âgé de plus de 70 ans de trouver son remplaçant ? Les idées ne manquent pas…

 

L’UNMI pourrait-elle jouer un rôle en ce sens auprès des pouvoirs publics et des fédérations ?

Oui, je pense que l’UNMI pourrait s’emparer du sujet. Elle est légitime pour le faire et pourrait initier des changements significatifs.

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